Histoire ( peut être vraie ) d’une Alose

Bonjour,  je m’appelle Nagefol.

C’est mes potes qui m’ont baptisé ainsi du fait que je suis né comme mes parents du coté de Badefols sur Dordogne. Je suis une alose mâle de 5 ans. J’étais tranquillement en train de frotter les nageoires d’une amie qui avait succombe a mon charme, quand je voie quelque chose de brillant s’aventurer dans le lit conjugal.  Ni une ni deux, je lui met un coup de boule, mais voila que je me trouve pendu par le menton à un crochet qui commence a m’attirer vers la berge. J’ai beau résister, je suis entrainé vers le bord.  Même pas eu le temps de procréer, je me voie déjà dans un bocal entrain de bouillir pendant 3 heures, histoire de me dissoudre les arêtes. Triste fin.

Je me retrouve dans un filet, et je voie un gros type avec un chapeau qui me prends doucement par le ventre. Il me dit<< Ne bouge pas que je puisse t’enlever le triple de la gueule.>>. Il dit a son pote, <<C’est la première fois en pêchant la perche à la cuillère  quel je  prends une alose. Elle est superbe , bien grosse et en bonne santé. Prend nous en photo..>>

Avec des compliments pareils, je suis sure de finir en matelote a nager dans le Pécharmant. Que nini. Il me décroche l’hameçon sans douleur, me maintient dans l’eau et se fait prendre en photo.

Ensuite il me dis de rejoindre ma belle et me fait un bisous sur la tête. Je commence a respirer et comme il comprend le langage des poisson, je lui narre l’histoire de ma vie. Il me promet de la  raconter . Je m’appelle Maurice me dit-il, content de t’avoir connu.

En me libérant, il me conseille qu’après mon histoire d’amour, que je file directement  a Tuilières  en restant bien au milieu dans le courant, là je suis sur de passer dans la moulinette EDF,  cette mort rapide et honorable m’évitera une lente agonie. C’est mon destin.

Bonjour, je suis Maurice et voici  son histoire:

L’année dernière, a l’âge de quatre ans, je remontais la Gironde en compagnie de quelques copains.

Comme on se caillait les écailles le long des côtes françaises,  on était partis en vacances du côté du Maroc. Mais comme on commençait a avoir les hormones au beau fixe, il était temps de faire un tour dans le Périgord.

Comme on était en retard, aucun filet ne barrait  la Dordogne. Les * pêcheurs professionnels avaient déserté les lieux.

Voyage tranquille jusqu’au Barrage de Bergerac. Là ,on est bloqués , pas assez d’eau pour remonter. Des centaines d’Aloses agonisent , moches comme des lépreuses.<< Agitez vos clochettes bordel, c’est contagieux cette connerie>>. Un mourant nous conseille de prendre nos nageoires a notre queue et foutre le camp en vitesse. Sauve qui peut, on fait demi tour et on file en direction de l’atlantique.

Un an après, avec mes potes les survivants , on est les premiers a conduire la montaison. On en peut plus, j’ai les gamètes qui me remontes jusqu’aux branchies. Il est temps de lâcher la laitance.

Comme je suis un des seuls a connaitre la route, on me désigne pour prendre la tête. Fendant les eaux  comme Moïse quittant l’Egypte, j’emmène la troupe en voyage de noce, sans leur dire la triste fin qui nous attend

Dans l’estuaire, je conseille a ceux qui manque un peu de force de longer la rive droite histoire de s’oxygéner dans l’eau rejeté par la centrale ** EDF. Un peu de radon et de radium ça peu pas faire de mal., même si ça vous rallonge les nageoires. En plus, grâce aux rayon X,  vous pourrez admirer les arrêtes de vos voisins.

Au bout de quelques kilomètres, on arrive a l’embranchement de la Garonne et de la Dordogne.

A gauche toute. Cette année un moratoire sur la pêche de la grande alose a été signé, mais pour la feinte, pas de pitié, Les filets sont tendus et si vous voulez pas finir en granulés et en fiente de saumon, ouvrez les yeux et laisser passer les petites aloses. Tant pis pour eux. Zavaientquaêtesgrandes.

Quelques conseils en passant aux femelles, ne buvez pas d’eau, avec les résidus de pilules contraceptives qui trainent , vos œufs vont ressembler a des billes de polystyrène.

Arrivée a Prigonrieux, je préviens tout le monde qu’on va faire une petite pause au « Trou du Normand  et là, méfiance, si vous voyez passer quelque chose de brillant avec des fils de téléphone, laissez tomber, c’est pas le dernier  » Iphone » mais une mouche animée par un pêcheur peu scrupuleux. Passez un coup de fil et vous vous retrouvez en conserve.

Le lendemain, on passe facile Bergerac. A Tuilières comme je suis vieux, je décide de prendre l’ascenseur. En haut, un petit sourire a la caméra et en route pour Mauzac. On nage facile dans une eau claire et abondante.

A l’aval de la centrale de Mauzac, je pose mes valises et je commence a me chercher une payse . Comme chef, j’ai l’embarras du choix. J’en trouve une bien grasse et luisante ( Signe d’une immense beauté chez les alose, pas comme les humains ) et je l’invite a faire quelques *** »bulls » en ma compagnie. On  trouve une place avec de beaux graviers et on commence a se frotter les opercules.

C’est là que j’ai vu passer l’intrus brillant. Vous connaissez la suite.

Mais, j’ai suivi ses conseils, après plusieurs jours de luxure et quelques dizaines de  » Bulls  » j’ai pris ma copine nageoire dessus, nageoire dessous et  je l’ai invité en voyage de noce. Nous sommes partis vers Tuilières en  restant bien dans le milieux. Bienvenue au  paradis des poissons.

Pêcheurs, maintenant qu’on se connait, pour tous les poissons de la terre,  je vous demande qu’une seule chose:

Respectez nous.

Signé Maurice pour                Nagefoltéléchargement

 

* Pêcheurs professionnels. Personnes qui se frottent le pouce et l’index en direction de l’Europe et de l’autre main scient la branche sur laquelle ils sont assis.

** EDF. Société qui dépense des fortunes en films et  publicités écologiques pour ce donner bonne conscience.

*** Bull. Cercle formé par les aloses au moment du fraie.